Newsletter #09 Juillet 2024
PREVENIR LE RISQUE DE SEDENTARITE.
Selon la définition scientifique internationale, la sédentarité est toute position assise ou allongée, sans dormir, avec une dépense énergétique inférieure à 1,5 MET (metabolic equivalent of task). Les bénéfices de la pratique d’une activité physique de loisir régulière ne suffisent pas à compenser les effets délétères liés aux postures sédentaires au travail. Dans une étude publiée le 11 juin, Santé Publique France rappelle qu’« il a été montré que des niveaux élevés de sédentarité augmentent le risque de mortalité toutes causes confondues ». La sédentarité serait également associée à un risque accru de cancer de l'endomètre, du côlon et du poumon, elle peut augmenter l'anxiété, la dépression et les troubles musculo-squelettiques.
Quelles mesures de prévention possibles ?
Passer une journée au travail assis pendant 6 ou 7 heures et aller pratiquer du sport, même intensif, le soir ne compense pas la sédentarité de la journée. Les études montrent qu’une personne qui reste assise plus de 6 heures par jour mais qui court tous les jours possède exactement la même mortalité qu’une personne qui reste assise moins de 3 heures par jour mais ne fait pas d’activité physique.
La prévention du risque de sédentarité passe par l’évaluation de ce risque et l’organisation d’une activité de travail adaptée pour le maîtriser. Des solutions techniques et humaines existent aussi.
Une recommandation émise par les experts de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) en 2016 stipule que l’alternance entre l’activité sédentaire et active est la clé. L’agence préconise une interruption d’au moins « toutes les 90 à 120 minutes ».
L’employeur peut déjà s’assurer que les agents soient informés et sensibilisés sur le risque de sédentarité. : qu’ils comprennent la problématique pour adapter leurs attitudes de travail, comme se lever le plus fréquemment possible, préférer les déplacements dans l’établissement plutôt que rester à son bureau pour échanger, alterner les temps de travail « sédentaire » avec des temps de travail « actif » sur le plan physique, comme le rangement, le tri, ou encore faire des étirements, utiliser un pédalier de bureau…
Santé publique France invite ainsi les employeurs à « mettre en place des stratégies ne reposant pas uniquement sur la motivation de l’individu mais sur des changements dans l’environnement de l’entreprise » et préconise « la mise en place de mobilier actif, en particulier les bureaux assis-debout ». Cette mesure est largement reprise dans un rapport publié en 2023 par Santé publique France, compilant et analysant les résultats de vingt-huit études scientifiques publiées entre 2012 et mars 2022 consacrées aux effets des actions de lutte contre la sédentarité au travail. Des solutions numériques, moins couteuses existent, comme celles qui invitent les agents à interrompre leur position assise par des sollicitations à l'écran, vibrations ou bips émis par des traqueurs d'activité. D’autres techniques dites du « messager » (envoi de courriels ayant pour objet de promouvoir des astuces pour réduire le temps assis) ou de « saillance » (attirer l’attention sur le fait que des activités pertinentes peuvent être des alternatives pour déjouer la sédentarité) s'appuient sur des invitations paramétrées par défaut dans un logiciel.
Pour aller plus loin : Postures sédentaires : un guide de l’INRS pour comprendre et prévenir le risque
Actualité: Un trimestre, un métier
Le taux de mortalité des sapeurs-pompiers par cancer est plus élevé pour plusieurs types de maladies. Une analyse britannique datant de 2023 a révélé « une prévalence des cancers chez les pompiers âgés de 35 à 39 ans supérieure de 323 % à celle de la population générale » (Wolffe, Robinson, Dickens, Turrell, Clinton, Maritan-Thomson, Joshi et Stec, Cancer incidence amongst UK firefighters, in Scientific Reports, 10 janvier 2023). Au niveau international, en 2022, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a « classé l’exposition professionnelle en tant que sapeur-pompier comme « cancérogène pour l’homme » sur la base de preuves suffisantes pour le mésothéliome et le cancer de la vessie et de preuves limitées pour les cancers du côlon, de la prostate et des testicules, le mélanome et le lymphome non hodgkinien » (IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Hazards to Humans, Occupational Exposure as a Firefighter (vol. 132), juin 2022).
Chaque année le FNP dresse un rapport faisant un état exhaustif de la sinistralité dans les SIS, et qui fait notamment apparaitre une durée moyenne des maladies professionnelles de 199 jours.
C’est dans ce contexte que la Commission des affaires sociales du Sénat, et les rapporteures Mme Anne-Marie Nédélec et Mme Emilienne Poumirol, ont déposé un rapport d’information, portant sur « Les cancers imputables à l’activité de sapeur-pompier».
Mesures de prévention et de réparation existantes
En France, certains moyens de prévention des conséquences sanitaires de l’activité de sapeur-pompier existent déjà. On peut notamment citer l’intervention des services de médecine préventive, la visite d’aptitude annuelle ou bisannuelle comprenant une radio des poumons, ou encore le suivi médical post-professionnel mis en place depuis 2015 pour les pompiers exposés, entre autres, à une substance cancérogène.
En matière de réparation, depuis 2017, « les fonctionnaires bénéficient d’une présomption d’imputabilité au service pour toute maladie désignée dans un tableau de maladies professionnelles (MP) et contractée dans l’exercice de leurs fonctions ». Cela leur ouvre droit au congé pour invalidité temporaire imputable au service (Citis) et à une allocation temporaire d’invalidité (ATI).
Le fond National de prévention de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) a établit avec la DGSCGC un partenariat, afin notamment d’établir plusieurs guides pour prévenir du risque lié aux fumées.
10 recommandations du rapport d’information
Les rapporteurs proposent donc 10 axes de travail urgents afin d’améliorer la protection des sapeurs-pompiers :
- Créer un tableau de MP avec les pathologies liées aux travaux d’extinction des incendies.
- Elargir la présomption d’imputabilité au service aux 7 types de cancer dont le lien avec l’activité de sapeur-pompier est reconnu par le Circ.
- Procéder systématiquement à l’évaluation des droits à l’ATI des agents des collectivités locales au terme d’un Citis.
- Elaborer un modèle national de fiche d’exposition à des facteurs de risques spécifique à l’activité de sapeur-pompier.
- Rendre obligatoire le remplissage d’une fiche d’exposition après chaque intervention à risque sanitaire.
- Accorder aux Sis une dotation exceptionnelle pour l’acquisition des futures cagoules filtrantes et d’EPI dont l’efficacité est scientifiquement prouvée.
- Mener des programmes nationaux de surveillance médicale dédiés aux sapeurs-pompiers à des fins de dépistage des cancers et de collecte de données épidémiologiques.
- Renforcer le suivi post-professionnel en obligeant les Sis à proposer aux sapeurs-pompiers retraités une visite médicale de contrôle tous les 5 ans.
- Installer un Observatoire de la santé des sapeurs-pompiers chargé d’analyser les données épidémiologiques et de proposer des mesures pour renforcer la protection des agents.
- Renforcer la formation des médecins et infirmiers de sapeurs-pompiers en médecine du travail.
- Les sénatrices appellent les pouvoirs publics à « mieux protéger ceux qui nous protègent » et mobiliser les moyens nécessaires pour renforcer la prévention des risques liés à la lutte contre l’incendie, le traçage des expositions et la reconnaissance des cancers en MP chez les sapeurs-pompiers.