L’étude épidémiologique INWORKS, coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a révélé, le 30 août dernier, de nouveaux résultats sur le risque de leucémie, lymphome et myélome multiple chez les travailleurs de l’industrie nucléaire. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) contribue au CIRC.
Au total, 309 932 travailleurs, hommes et femmes employés à partir du milieu des années 1940, sont étudiés et surveillés grâce, notamment, au port de dosimètres individuels. La cohorte française, conduite par l’IRSN, compte 59 000 travailleurs du CEA, d’EDF et d’Orano.
Dose moyenne de 16 mGy cumulés
L’ensemble des travailleurs a bénéficié d’un suivi épidémiologique pendant 35 ans en moyenne sur la période allant de 1944 à 2016. Lorsque ce suivi prend fin, les travailleurs ont en moyenne 66 ans et reçu une dose moyenne de 16 milligray (mGy) cumulés durant leur activité professionnelle.
Risques plus faibles à faibles doses
Les données montrent l’enregistrement de 103 553 décès au sein de la cohorte dont :
- 771 par leucémie non lymphoïde chronique ;
- 1 146 par lymphome non Hodgkinien ;
- 122 par lymphome de Hodgkin ;
- 527 par myélome multiple.
Ainsi, « le risque de leucémie non lymphoïde chronique augmente proportionnellement à la dose reçue, d’environ 26,8 % pour une augmentation de la dose cumulée absorbée à la moelle osseuse de 100 mGy ». Ces données confirment les premiers résultats de 2015. A noter que cette augmentation du risque reste significative pour des doses cumulées inférieurs à 300 mGy mais ne l’est plus pour des doses inférieures à 200 mGy.
Intérêt d’une protection radiologique
Un lien est également établi concernant les myélomes multiples pour lesquels on constate « une augmentation de 16,2 % pour une augmentation de la dose cumulée à la moelle osseuse de 100 mGy ». Cependant, aucune relation n’est relevée pour les lymphomes non Hodgkiniens et Hodgkiniens.
L’ensemble de ces résultats renforcent les connaissances sur les effets d’expositions étalées dans le temps à de faibles doses de rayonnements ionisants. Ils prouvent tout l’intérêt de la mise en place d’une protection radiologique des travailleurs exposés à de faibles doses tels que les travailleurs du nucléaire et les personnels médicaux.